FICHE TECHNIQUE DE PRODUCTION D’HUILE DE NEEM

L’agriculture actuelle doit faire face à de nombreux ravageurs de plus en plus résistants aux traitements « ordinaires ». De plus, les insecticides synthétiques ont montré des effets néfastes pour la santé publique et l’environnement expliquant leur retrait progressif du marché. Pour remplacer ces produits, plusieurs alternatives existent dont l’huile de neem. Le neem (Azadiracha indica), encore appelé margousier est un arbre originaire d’Asie du Sud-Est et a été introduit en Afrique au 19e siècle.

L’huile de neem est très efficace avec des propriétés antibactérienne, antivirale, antiseptique et antifongique. L’intérêt croissant pour l’utilisation des pesticides à base de neem dans le monde est motivé par leurs effets comparables ou supérieurs à ceux des pesticides chimiques ainsi que par leur probable innocuité sur l’environnement.

Botanique:

Genre : Azadirachta

Espèce : Indica

Famille : Meliaceae

Autres noms vernaculaires :

  • Français : Acacia d’Egypte, margousier, arbre à chapelets, Lilas des Indes (à ne pas confondre avec le Lagestroemia).
  • Anglais: neem tree, Indian lilac, Margosa tree, Persian lilac, China berry.

Origine : région Indo malaise.

Répartition géographique : le neem est indigène de l’Inde, de Birmanie, de Java et des Petites îles de la Sonde. Il pousse dans les régions tropicales et subtropicales et a été introduit en Australie, en Afrique, aux Antilles, en Amérique tropicale. Dans le sud des USA et de l’Europe, on a pu acclimater des variétés provenant du Nord de l’Inde et résistant mieux aux gelées.

Avantages de l’huile de neem     

L’huile de neem :

  • aide à  maintenir  la  santé environnementale  en  réduisant  le niveau de la pollution ;
  •  aide à   garder   la   production   agricole au  plus  haut  niveau  et  le  rend soutenable ;
  • réduit le coût de production agricole et améliore également la santé de sol ; 
  • réduit  également  le  risque  des pertes en vie humaine  et animale en réduisant le niveau du résidu dans le produit ;

 assure l’utilisation  optimale  des ressources naturelles pour un  avantage à court terme et à long terme ;

Composition en acides gras

L’amande du fruit contient 40 à 48% d’huile dont la composition en acide gras est la suivante :

  • acide myristique :    2 à 3%
  • acide palmitique :   13 à 15%
  • acide stéarique :      15 à 19%
  • acide oléique :         50 à 62%
  • acide linoléique :     8 à 16%

Autres constituants actifs :

L’huile renferme également des terpénoïdes potentiellement actifs et en grande quantité : l’azadirachtine, la nimbine, la nimbidine, l’azadirone, mais aussi des méliacines.

NB : L’azadirachtine est le composé le plus actif contre les insectes (400 espèces d’arthropodes nuisibles). Cependant, de récentes études menées sur un pôle légume montrent que l’huile de neem est plus efficace que l’extrait d’azadirachtine de même concentration.

Propriétés de l‘Huile de Neem :  

L’huile de neem   : 

  • Apporte de l’Azote, du souffre et des oligo-éléments aux végétaux   ; 
  • Améliore l‘état sanitaire des plantes   ; 
  • Stimule les défenses naturelles. 

Mode d’action :

L’application de ce produit sur les ravageurs provoque leur mort à différents stades de leur développement, ainsi que des malformations. L’huile de neem permet : 

  • D’inhiber la formation de chitine (exosquelette : carapace d’insecte, coquille de mollusques, jouant un rôle de protection et de soutien) ;
  • D’interrompre l’accouplement aussi bien que la communication sexuelle   ; 
  • De repousser les larves et les insectes adultes   ; 
  • De stériliser les adultes   ; 
  • D’empoisonner les larves et les adultes   ; 
  • De rendre Anti-appétent : les insectes se détournent des cultures traitées. Un insecte qui ingère du végétal traité subit des désordres digestifs et cesse de s’alimenter.

Les ravageurs cibles

Ces effets ont été observés chez plusieurs types de familles d’insectes : les Lépidoptères (papillons), les diptères (mouches, taons, moustiques, …), les Orthoptères (sauterelles, criquets,), les hyménoptères (très faible pour les abeilles) et certaines espèces de pucerons.

  Cultures  Ravageurs
TomatesMineuses des tomates (Tuta absoluta), noctuelle de la tomate,mouches blanches, mineuses, pucerons du feuillage, thrips en plein champ
Mineuses des agrumesPhyllocnistis citrella Stainton, et autres mineuses, mille-pattes, perce-oreilles, etc.…
Cicadelle brune du riz (nilaparvata lugens)
thrips de l’oignon (Trips tabaci)
Mouches du melon (Dacus cucurbitae)
mouches des fruits (Ceratitis capitata), Manfo fruit fly (Ceratitis cosyra), Natal fruit fly (Ceratits rosa)
Ver de la capsule du cotonnier (Heliothis armigera), mille pattes, perce-oreilles, etc
Meloydogine, Pratylenchus, et autres nématodes maladie du systéme radiculaire et de la tige des plantes
Chenilles défoliante (Spodoptera litura) et toutes les chenilles, Tetranyques tisserands (tertranchyus spp)
      Stockage des grainsTermites,  charançons: charançon du riz (Sitophilus oryzae), charançon du maïs (Sitophilus zeamais), Capucin des grains (Rhizopertha dominica), Dermestre des grains (Trogoderma granarium), Bruche à quatre pattes (Callosobruchus maculatus), Bruche chinoise (Callosocruchus chinensis), Cocinelle mexicaine du haricot (Epilachna varivestis), Cochenilles, aleurodes, Pucerons,Vaquinha et Scarabées, mouches blanches, Cicadelles, Teigne des crucifères (Plutella xylostella), , Pyrale rouillee (Chilo suppressalis), Oïdium du haricot, Rhizoctonia solani, Rhizoctone brun, R Oryzae, Sclerotium rolfsii. Scletorinia sclerotiorum, Sitroga Cerearella, Fusarium oxyporum, Phitophtora.
  Canne à sucreVers blancs, pucerons, cochenilles, borers, mildiou, rouille,, la morve rouge…
          LégumesAgrotis (chenilles souterraines), altise ou puce de terre (attaquent toutes les espèces de navets et de raves), meunier (s’attaque aux laitues, melons, courges, pois..), bruche du pois (s’attaque aux pois), charançons des pois et des haricots, chenilles (s’attaquent à tous les choux), fonte des semis (attaquent les semis en serre ou en couche), gale des navets ( s’attaquent à tous les choux), limaces et escargots ( s’attaquent à tous les végétaux), lisette du chou (charançon de petite taille), mildiou, mille-pattes, mouche de l’oignon (attaquent les oignons, poireaux et échalotes), mouche du céleri, pucerons (verts, blancs et noirs), taupin, phyphtora ( attaque tomates et pommes de terre)…
Récoltes de graine oléagineuse (arachide, sésame, graine de courge, etc…)Pucerons, rouille, limaces, altises, mildiou, limace grise, tipule des prairies et le thrips du tabac (attaque les jeunes plants), puceron vert du prunier (attaque les feuilles)…
Variétés de palmiers (le cocotier,  palmiers à huile, palmier dattier)L’Oryctes (ou rhinocéros), charançon rouge du palmier, chenilles à tête noire, vers blanc, vers de racine, champignons, balances, acariens (araignées rouges),
Récolte d’épices (cardamome, poivre, safran…)Limaces, champignons, pucerons, Thrips, mildiou, foreur de rhizome, coléoptère, foreurs de capsule, foreurs de fruit,


Comparaison Huile de neem/pesticide classique

Produits     Critères    huile de neem     pesticide X type
      Toxicité  envers les organismes non-visés    Faible pour les mammifères, oiseau, toxique pour la faune aquatiqueTouche la faune non ciblée, résidus dans les produits alimentaires, dangers d’empoisonnement, effets secondaires, dangers à faible dose, risque d’inefficacité
   Résistance des insectestrès faible pour l’huile (synergie de nombreuses molécules)      Résistance des insectes
     Impact sur   l’environnementLe temps de dispersion à 50%  de l’azadirachtine dans le feuillage des forêts, le sol et la litière est compris entre 24 et 48 heures, le devenir du produit en milieu anaérobique et aquatique est mal connu  Toxicité contre la faune non ciblée, développement de résistance par les ravageurs, pollution, concentration de ses résidus dans la chaîne alimentaire
     Mode d’actionAction hormonale et anti- nutritive (au stade larvaire et imago)Mode d’action dépendant de l’insecticide
  UtilisationUtilisable en agriculture biologique ou conventionnelle Utilisable uniquement en agriculture conventionnelle

Toxicité et rémanence :

L’huile de neem (pureté 4,5% m.a) a une toxicité faible avec une DL50 supérieure à 5000 mg/kg pour le rat et n’est pas mutagène. La substance active de la plante une fois extraite est comparable à n’importe quel insecticide non spécifique, mais sa relative innocuité pour l’environnement et les mammifères la distingue des insecticides conventionnels. Etant donné que l’extrait n’est pas toxique (sauf le goût amer) pour l’être humain, comme l’ont démontré des analyses scientifiques, une période d’attente entre la dernière pulvérisation et la récolte n’est pas obligatoire.

L’azadirachtine est très toxique pour la faune aquatique type poisson, mais le fait qu’elle soit fortement absorbée par le sol et dégradée rapidement empêche une contamination des eaux létale aux poissons.

Obtention de l’huile de neem

  • Méthode mécanique

La qualité de l’huile de neem varie selon les modes de fabrication. L’amande extraite du noyau de neem est transformée en huile de neem :

  • soit par une pression à froid qui permet d’atteindre un taux d’insecticide supérieur à 1600 ppm. La pression à froid est un procédé mécanique basique consistant à extraire l’huile des fruits à l’aide d’une presse à vis sans fin ou une presse hydraulique sans chauffer.  Pas de traitement chimique ou de raffinage, mais juste une centrifugation et une filtration. La teneur en substance active est élevée ;
  • soit par un procédé à chaud qui donne de plus grandes quantités, mais dont la teneur en insecticide (l’azadirachtine) est de seulement 300 ppm. Même procédé que la pression à froid à part que le broyat des graines est chauffé avant de passer sous presse, cela permet entre autres d’obtenir, après filtration, une huile brute en plus grande quantité mais moins concentrée en principes actifs. En effet, les composants chimiques se dénaturent au-dessus de 60°c.
  • Méthode chimique

Bien que des rendements élevés en huile exprimée (jusqu’à 85%) aient été atteints, l’huile résiduelle dans le tourteau constitue une perte. L’introduction de solvants organiques (ethylhexanol, esters méthyliques etc.) permet d’ajouter une opération supplémentaire d’extraction à l’opération de pressage et d’augmenter aussi le rendement en huile.

NB : l’huile de neem se vend sur le marché (pharmacie et phytopharmacie) comme un produit bio.

Conditions de conservation

L’huile de neem est une huile végétale stable à conserver au sec, à l’abri de la chaleur et de la lumière.

                     Mode d’application

Mélanger l’huile de neem avec de l’eau, puis ajouter un émulsifiant par exemple 1ml de savon liquide par litre puis bien mélanger.

  • En mode préventif :

Toujours traiter avant l’apparition des fleurs et tout juste après l’apparition des jeunes fruits, puis pendant le grossissement des fruits jusqu’à la maturité physiologique ou totale. L’huile de neem peut être pulvérisé sur les plantes à des intervalles de 10 à 15 jours de 2 L pour 100 litres d’eau + un adjuvant (savon etc…) pour un ha.

  • En mode curatif :
  • Si l’infestation est modérée, on peut se contenter de traiter à des intervalles de 10 à 15 jours. L’huile de neem peut être pulvérisé sur les plantes à raison de 3 L pour 150 litres d’eau + un adjuvant (savon etc…) pour un ha ;
  • Mais d’une manière générale, on recommandera une application par semaine (7 jours) dans les zones de cultures fortement infestées par les ravageurs. L’huile de neem peut être pulvérisé sur les plantes à raison de 4 L pour 200 litre d’eau + un adjuvant (savon etc…) pour un ha.

NB : Les traitements doivent être réalisés de façon systématique. Il se fait à l’aide d’un pulvérisateur et s’assurer que le mélange ne contient pas de débris pour cela bien filtrer le mélange pour qu’il ne bouche pas la buse ou la pastille du pulvérisateur. Il faut que toutes les parties à l’air des plantes soient touchées sur les côtés inférieurs et supérieurs des feuilles. L’azadirachtine étant très sensible aux rayons ultraviolets, il est donc conseillé d’effectuer les pulvérisations dans la soirée ; elles seront plus efficaces.

L’huile de neem s’utilise aussi pour le traitement des animaux contre  les parasites (mouches, tiques,  insectes, etc).

Conclusion

L’huile de neem pourrait à l’avenir, apporter beaucoup à l’agriculture. Sa relative innocuité pour la plupart des espèces utiles et son aspect biodégradable en font un rival sérieux pour les insecticides classiques interdits peu à peu à cause de leurs effets néfastes pour la santé publique et l’environnement. Non seulement qu’elle est très économique, elle ne crée pas de résistance chez les parasites et peut être utilisée à l’importe quelle période de la végétation.

Faces ventrale et dorsale des feuilles
Fleur du neem
Vue d’ensemble du neem
Graine de neem
Fruit du neem avant maturité
Presse mono-vis OMEGA 20
Amande de neem
Huile de neem conditionnée dans les bidons pour la vente